Luca

5 octobre 2010

René d’Évreux a la cervelle en porridge et les yeux en papillote. Il réussit à ouvrir les deux battants, se lève, puis mâte autour de lui. Il se trouve dans une petite cabane qui pue l’humidité, les moteurs mal réglés et l’hospice. Le poster sur le mur, est-ce un bouledogue en costume SM ou Adriano Celentano en loubard ? Autour de lui, tout un fatras de bombes de peinture, de bouteilles de chrome, et d’outils de seconde main. Sur le petit établi se dresse fièrement un écrou géant, Prix du Meilleur Boulonnage de France. Un peu partout traînent des bouteilles de gnôles. Derrière le bidon de fioul, Ricard. Sur l’escabeau, Suze. Sur le sofa en skaille, Walker. Au centre de la pièce, une mobylette kitée ninja, flammes de Jupiter sur le réservoir, rappelle à celui qui en douterait qu’on se trouve dans un garage miniature.

La lourde s’ouvre : c’est Pierrot. Il est accompagné d’un blondinet, croisement de cul-terreux et de judoka en kimono. Ses grands yeux bleus vitreux laissent penser que, sur une île déserte, il serait du genre à planter des chèvres et baiser des choux-fleurs.

« Ah, z’émergez enfin ! C’est moi qui vous a sorti d’la caisse ! Je m’appelle Luca ! »

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